L'évasion du camp d'internement 373,
Wolfsberg, Autriche




En 1947, quatre hommes suspectés d'être des criminels de guerre Nazi s'échappèrent à travers un tunnel du Camp d'internement 373, à Wolfsberg, en Autriche.

Ceci est l'histoire de ce qui s'est passé, y compris, pour la première fois, beaucoup des faits qui ont été découvert par l'enquête 54 ans plus tard.

 

Récits de la Section de sécurité de campagne n°16, Corps de renseignements

"L'évasion du camp d'internement 373, Wolfsberg, Autriche"

 

Souvenirs de Robert G I Maxwell, autrefois " Warrant Officer Class 2 " (Sergent Major de Compagnie), dans la "16 Field Security Section, Intelligence Corps".

(Note de la traduction : La "16 Field Security Section, Intelligence Corps" était la Section de sécurité de campagne n°16, Corps de renseignement. Cette section s'occupait de la sécurité militaire : déplacements des personnes, accès aux établissements militaires, sabotage, mouvements (par train, par route, par air et par mer), communications diverses.
En Autriche, cette Section devait "riposter aux activités hostiles de la population locale". En effet, beaucoup d'Autrichiens étaient restés pro-nazis même après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et une grande partie de la population étaient "hostiles" envers les Alliés... et les Juifs).

 

 

Introduction

Dans tous les camps de prisonniers, une partie du dispositif de sécurité repose probablement sur les " mouchards ". Le camp d'internement 373 ne faisait pas exception. Situé dans la vallée de la rivière Lavant, dans la région oriental de Carinthie, à environ 40 kilomètres au nord de la frontière Yougoslave (maintenant, la Slovénie), il avait été transformé en camp d'internement à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en mai 1945, alors qu'il avait été le "Stalag (camp de prisonniers) XVIIIA".


Stalag XVIIIA, Wolfsberg im Lavanttal, Autriche

" Le 11 mai 1945, là 7ème Divison Armée quitta Klagenfurt et pénétra dans le Lavanttal. L'occupation de Wolfsberg fut pacifique. Quelques jours plus tard, l'immense camp de prisonniers de guerre de Priel fut remis, en bon ordre, aux unités britanniques. Puis, l'ancien camp de prisonniers devint pour ainsi dire un symbole de la fin tragique de la Guerre et, avec elle, du Troisième Reich. Durant de nombreuses années, le camp fut utilisé comme camp d'internement, et vu passer plusieurs milliers de personnes de tous genres et toutes classes sociales. A cette époque, le nom de Wolfsberg, à cause du camp, acquis une réputation particulière. A présent, les cabanes en bois du camp ont disparu depuis longtemps. Il ne reste rien pour rappeler ce temps où la force brute prévalait. " (source allemande inconnue)

Immédiatement après l'Armistice, quiconque au-dessus d'un certain grade dans n'importe laquelle de certaines organisations interdites était considéré comme une menace possible à la sécurité des force d'occupation Britanniques. Bien que désignés officiellement comme " internés " en 1947, ce que l'on devrait appeler 4000 " prisonniers politiques " Nazi furent détenus; certains étaient ou allaient être inculpés comme criminels de guerre à Nuremberg, certains ailleurs, et particulièrement en Yougoslavie.

Bien que le Parti Nazi ait été interdit en Autriche avant l'"Anshluss" de 1938 (rattachement de l'Autriche à l'Allemagne), beaucoup d'Autrichiens y avaient adhérés. En 1938, le parti Nazi comptait un total de 6 millions de membres en Autriche et en Allemagne. Par conséquent, tout Autrichien qui portait un numéro d'adhérent inférieur à 6 000 000 avait rejoint le Parti avant l'"Anshluss", et était alors considéré comme un Nazi dédié à son parti. Il ou elle serait donc interné d'office.
Toutes les professions avaient leur associations affiliées au NSDAP ( National Sozialistische Deutsche Arbeiter Partei - le parti Nazi) : médecins, architectes, policiers, professeurs et bien d'autres. Après l'" Anshluss ", tous ceux et celles qui voulaient faire progresser leur carrière devaient obligatoirement adhérer (même sans conviction) au moins à la doctrine actuelle et, pour une véritable promotion, devaient prouver leur zèle. Ils ne devaient pas nécessairement appartenir au Parti.
Tous les officiers et sous-officiers SS (Schutzstaffel - littéralement "détachement de protection", gardes du corps) furent immédiatement arrêtés et internés.

Les officiers de l'administration locale furent traités de la même manière. La plus grande partie de l'intelligentsia et des administrateurs expérimentés étaient des suspects. Ces gens constituèrent la population du Camp d'Internement 373 où, pour certains d'entre eux, il devint connu sous le nom de " l'Université de Wolfsberg ", et pour nous le " Camp séminaire ", où pratiquement toutes les professions étaient représentées.







En 1996, Robert Maxwell a présenté des reproductions d'insignes de casquettes des Royal Marines (à gauche) et des Corps de Renseignement (à droite), sculptés par un prisonnier dans le Camp d'Internement 373, le " Camp séminaire ".

Le Maréchal Kesselring, commandant en chef des Forces Allemandes en Italie, y fut détenu durant quelques temps avant d'être conduit à Nuremberg. La majorité d'entre eux furent accusés d'avoir commis des crimes de guerre.

 

On apprend une tentative d'évasion

Durant l'été 1947, le personnel de sécurité du camp, dirigé par le Capitaine Kennedy, un réfugié Juif Viennois d'avant la guerre, eut vent d'une tentative d'évasion grâce à un " mouchard ". Ce genre de personne, qui ont en général une mauvaise réputation - puisque, après tout, ils trahissent leur camarades - sont un ingrédient inévitable des opérations de sécurité.
Ils peuvent trahir pour gagner les faveurs de leurs gardiens, sans aucune animosité envers leurs compagnons d'internement, par peur pour leurs familles, ou pour l'argent, les privilèges ou d'autres récompenses. Ils deviennent immédiatement sujet au chantage officiel.

Comme la "Section de Sécurité de campagne n°16, Corps de Renseignements" (voir l'Annexe IV pour la composition d'une unité FSS durant la période d'après-guerre), était responsable de la sécurité extérieure en dehors de la juridiction du camp, et qu'elle avait son QG dans la ville de Wolfsberg, on nous avisa qu'une tentative d'évasion allait avoir lieu à une certaine date vers minuit. Un bataillon d'infanterie était en garnison dans la ville, dans les anciennes casernes de la Wehrmacht. Je ne sais plus exactement quel régiment, soit le Lancashire Fusiliers, soit le East Yorks. Les régiments changeaient assez fréquemment après la guerre, car ils achevaient des "tours de devoir" (période durant laquelle un régiment était stationné dans un endroit particulier).
Le personnel du camp, quant à lui, était très varié; les soldats provenaient de tous les régiments qui servaient à ce moment-là dans la zone britannique. Certains d'entre eux étaient des "bon à rien" que leur unité d'origine avait envoyés là pour s'en débarrasser. Et ils provoquaient beaucoup de problèmes dans la ville...

 

Contre-mesures

Les officiers des trois unités - le camp, la Sécurité et la garnison d'infanterie - se réunirent pour planifier des contre-mesures. Comme personne ne savait exactement où l'évasion allait avoir lieu, ils prirent la décision d'entourer le camp de prisonniers avec une compagnie, environ 90 à 100 hommes. Une section (30 hommes) fut assignée à chacun des trois côtés du périmètre du camp; le quatrième côté, à savoir la 'Bundesstrasse', (à présent nommée la 'Klagenfurter Strasse') fut surveillée par le personnel du camp, qui prit soin de ne laisser voir aucun signe inhabituel d'activité. Il fut considéré qu'il était peu probable qu'un tunnel utiliserait l'itinéraire en dessous de l'entrée principale de l'enceinte, alors qu'il y avait des opportunités disponibles bien plus courtes. Toutefois , des barrages furent établis au nord et au sud de l'entrée du camp, et un cordon de sécurité fut mis en place sur le côté le plus éloigné de la route principale.

Les troupes devaient se positionner entre 22h00 et 22h30, cachés dans l'obscurité et dans le plus grand silence. Il n'y avait aucun doute : si une tentative d'évasion devait avoir lieu cette nuit-là, il y aurait des " sentinelles " dans le camp, pour couvrir et, si nécessaire, annuler, la tentative d'évasion. Tout mouvement visible de nos troupes dénonceraient leur présence et ferait certainement avorter toute l'opération.

J'ai un vif souvenir des principales caractéristiques géographiques des alentours du camp, même après 50 ans. Trois d'entre nous, de la " Section de Sécurité n°16 ", joignirent chacun l'une des trois sections de soldats pour agir comme interprète, si cela devenait nécessaire, et pour donner des conseil. Les troupes étaient commandées par leurs propres officiers.

 

Déploiement

Pendant que mon Officier Commandant restait dans le camp, dans le Quartier Général opérationnel, je m'installais dans la section nord du périmètre de sécurité, le long d'une ligne de chemin de fer, qui s'élevait à environ 1,8 m au dessus de la prairie qui bordait le camp au nord.

Ronnie Rathbone

Notre sergent le plus âgé, 'Ronnie' Rathbone, alla se placer sur le côté ouest, derrière la Rue Saint Thomas.

George Baker

Les terrains vagues, au sud, furent couverts par le sergent George Baker.

(Voir Annexe V : le camp est superposé par ordinateur à une carte de 1950, avec la permission du Conseil Municipal de Wolfsberg.)

La nuit était noire, sans lune, sèche, assez chaude pour ne pas revêtir de pardessus. Alors que nous étions étendus, attendant, distants de quelques centaines de mètres les uns des autres, les lumières du camp illuminèrent le périmètre de barbelés. Derrière cette lumière, les cabane en bois dans l'enceinte des prisonniers étaient dans l'obscurité. Quiconque se serait tenu debout dans la prairie n'aurait été qu'une silhouette en contre-jour de ces lumières. Nous, par contre, avions un arrière-plan de montagnes noires.

Le plus grand danger, pour nous, était le bruit ou un idiot qui fumerait ! Les troupes étaient armées de fusils. Je portais un revolver Albion No 2 calibre 38 de l'Armée à ma ceinture, dans un étui en toile, et j'avais ajouté un Luger 9mm automatique, provenant d'un stock de pistolet " capturés " ou confisqués.

Je n'aimais pas le revolver Albion calibre 38; il ne pouvait pas être armé en tirant le chien avec le pouce. Cela signifiait qu'il fallait appuyer sur la gâchette, qui faisait tourner le barillet et reculer le chien, pour pouvoir enfin tirer. (Si l'on avait pu armer le pistolet en tirant sur le chien, dès que l'on aurait appuyé sur la gâchette, le chien se serait rabattu sur le barillet et le coup serait parti). Au lieu de cela, à cause de la dimension de cette traction, il fallait attendre une demi seconde ou plus avant que le coup ne parte : il était difficile d'ajuster et de tirer vite ou bien.

Exemple: un Revolver Enfield
- Sans le chien
- Insert : avec le chien
Le pistolet automatique Luger Parabellum 9 mm

Le Luger Parabellum 9mm est, ou était, probablement l'un des pistolets les mieux "équilibrés" et il m'était familier depuis le débarquement en Normandie, en 1944, où j'en avais obtenu un quand je servais avec les Royal Marines. Les munitions de 9mm britanniques et allemandes étaient censées être interchangeables, mais j'avais découvert que la charge explosive dans les bales britanniques étaient plus puissantes que les allemandes, et qu'elles étaient donc trop comprimées. J'ai toujours utilisé des munitions allemandes.

 

A vos postes

Il ne fallut pas longtemps pour que la tension, ou l'ennui, ou les deux, commencent à apparaître. Un juron murmuré là, un raclement de botte ici, le bruit d'une arme imprudemment manipulée, un sous-officier courroucés chuchotant "Silence". Ces troupes n'étaient pas les équivalents des SAS ("Special Air Service" : des soldats extrêmement entraînés pour des taches inhabituelles et spéciales, comme les commandos), mais des conscrits d'après-guerre, jeunes pour la plupart, naïfs et inexpérimentés.

Peu après minuit, un mouvement fut repéré sur la prairie, entre le talus où je me tenais avec les soldats et la clôture du périmètre du camp. Des formes humaines surgirent et s'éparpillèrent.
L'un des fuyards fut rapidement sommé de se rendre, se jeta au sol, et on lui tira dessus lorsqu'il ne répondit pas. Il fut touché aux fesses, douloureux mais pas mortel. En temps voulu, il fut secouru et ramené vers le camp sur une civière.

Par intervalles, les autres silhouettes, qui étaient maintenant largement séparés les unes des autres, surgissaient et bougeaient vers le talus où nous nous tenions. Après le tir, ils surent qu'ils allaient avoir des problèmes. Le deuxième prisonnier, près à atteindre le pied du talus où j'étais, fut attrapé et escorté vers le camp par un caporal et deux soldats. Le troisième arriva droit vers moi. Je l'arrêtais immédiatement. Le quatrième, s'approchant de la Rue Saint Thomas peu après les autres, espérant peut-être passer inaperçu, fut repéré par l'un des soldats, qui lui fit la sommation d'usage : "Halt ! " (excepté une légère altération de sa prononciation, le mot est le même en anglais et en allemand). Mais l'homme s'approcha de la voie de chemin de fer, puis se mit à courir du plus vite qu'il pouvait et disparut au milieu des maisons à proximité ! (Voir Annexe VI.)

“Le passage à niveau à la Thomaser Strasse où le prisonnier, qui était parvenu à s'échapper, avait disparu parmi les maisons toutes proches.”

 

Résultat

On nous apprit par la suite que le jeune conscrit qui avait crié "Halt" et qui aurait du appréhender le fuyard n'avait pas chargé son fusil ! Le temps qu'il le fasse, le fuyard avait déjà disparu parmi les maisons toutes proches. Nous ne sûmes jamais s'il avait été re-capturé ou non. Cet incident eu lieu alors que j'étais dans le camp, en train de livrer mon prisonnier. Cela souleva également plusieurs questions.

Lorsque l'évadé avait été repéré, il y avait dû avoir d'autres soldats capables d'aider celui dont l'arme n'était pas chargée et qui avait fait la sommation; ils n'étaient qu'à quelques mètres les uns des autres. Pourquoi n'avaient-ils pas tiré ? Etait-il possible qu'aucun d'entre eux n'ait chargé son fusil ? Leurs avait-on dit de ne pas les charger, par prudence, alors qu'ils prenaient position dans l'obscurité ? Ou pour prévenir un tir accidentel et ne pas trahir leur présence ? Ou avaient-ils pensé que tout cela n'était qu'un exercice ? Quels ordres, précisément, leurs avait-on donné ? Nous ne le saurons probablement jamais. Néanmoins, quelqu'un avait tiré peu avant, probablement près du pont où le commandant de la section et le sous-officier avaient établit la base du secteur, facilement identifiable dans l'obscurité !

Le pont de chemin de fer sur la rivière Lavant, utilisé comme base du secteur nord, facilement identifiable dans l'obscurité. 

Le langage corporel de l'évadé qui s'approcha de ma position trahissait une profonde tristesse : la tête baissée, traînant les pieds devant moi avec réticence. Il ne dit pas un mot. Pour moi, il y avait peu d'excitation dans cette confrontation. A vrai dire, je me sentais plutôt désolé pour lui. Après le secret, la supercherie, l'attente, l'énorme travail à creuser le tunnel et l'anticipation finale, tous ses efforts avaient été vains; quelle déception ! Toutefois, je n'avais aucune intention de lui laisser la moindre chance. J'appelais l'un des soldats, lui dit de mettre son fusil à son épaule, lui donnait mon revolver avec l'ordre ferme de ne pas s'approcher à moins de deux mètres du prisonnier, je dégainais mon Luger et nous marchâmes jusqu'au camp dans une formation triangulaire, le prisonnier à l'avant.

Le Sergeant Major "Max" Maxwell à côté du Groupement Administratif du Camp d'internement 373

Je prévenu ce dernier, en allemand, que s'il faisait la plus petite erreur ou s'il hésitait à obéir à un ordre, nous l'abattrions. Il était évident, d'après l'expression de son visage - la peur, la déception et le désespoir - qu'il nous croyait sur parole. Comme j'avais un pistolet et pas un fusil, que je portais une casquette et non pas un béret, il avait sûrement compris que j'étais soit un officier, soit un sous-officier. S'il connaissait - et c'était certainement le cas - les insignes de grades britanniques, il avait également compris que j'étais un Sergent Major, et que j'avais probablement l'expérience des combats. Effectivement, je l'avais.

Lorsque nous arrivâmes au QG dans le groupement administratif du camp, nous attendaient le Lieutenant Colonel, commandant du camp, son "2 i/c" (sous-lieutenant), un major, le Capitaine Kennedy, l'officier de sécurité du camp et mon propre Officier de Commandement, le Lieutenant Ken Gillett. Je laissais le soldat repartir après avoir récupéré mon revolver, puis, une fois à l'intérieur du bâtiment, je remis le prisonnier au Capitaine Kennedy.

 

Remise du prisonnier

Kennedy frappa immédiatement le prisonnier et le jeta au sol, hurlant après lui en allemand, puis commença à lui donner des coups de pieds alors qu'il était au sol. Je me tournais vers les officiers alignés là, m'adressais à eux et leurs dit que je n'allais pas rester ici et regarder un officier britannique se comporter comme un voyou Nazi. Je les saluais et sorti de la pièce. Plus tard, je fis un rapport sur cet incident, que je transmis à notre quartier général.

Puis vint l' "Appell" (l'appel de présence). Le prisonnier qui était parvenu à s'échapper devait être identifié. Tous les prisonniers furent appelés, alignés, comptés, et on fouilla leurs quartiers. J'allais dans le Quartier "F" et ressentit quelque chose que je n'avais jamais éprouvé auparavant, ni même depuis : un mur de haine presque solide provenant des rangs de prisonniers ! En fait, ce n'était pas surprenant car, à ce moment-là, ils savaient sûrement qu'ils avaient été trahis.
Excepté lancer une alerte générale à la " Field Security " (Sécurité de campagne militaire) et à la Gendarmerie Autrichienne, nous ne pouvions plus rien faire d'autre. Quelques jours plus tard, nous apprîmes que l'évasion avait été "machinée" au moyen d'un tunnel qui commençait derrière l'autel d'une chapelle. Apparemment, toute les preuves indiquaient qu'il s'agissait d'un travail ancien, peut-être commencé par des prisonniers de guerre britanniques et jamais terminé. La guerre finie, ils n'avaient pas eu besoin d'achever le tunnel. Pourtant, des internés du camp l'avaient découvert, l'avaient terminé et s'étaient échappé, mais seulement - à cause d'une trahison (et d'une bonne surveillance) - pour tomber dans un piège.

 

54 ans plus tard

Moins de 54 ans plus tard, en 2001, l'existence d'un tunnel a été confirmée, et c'était bien le moyen utilisé par les prisonniers pour s'échapper du camp, cela a été confirmé par un ancien interné de ma connaissance, qui réside en Autriche. Des enquêtes parmi d'anciens prisonniers de guerre contredisent par contre l'existence d'un tunnel britannique. Ce que l'on nous a dit, à l'époque, était soit une invention totale, soit un espoir secret. Des enquêtes sont également menées à travers des sites web :

Grande-Bretagne :
http://www.data-wales.co.uk/stalag1.htm

France :
www.memoirephotos.org : Prisonniers de la 2e GM au Stalag XVIIIA

et par les membres de " The Brotherhood of Veterans of the Greek Campaign 1940-41 " ("La Fraternité des Vétérans de la Campagne de Grèce 1940-41"), dont beaucoup se retrouvèrent au Stalag XVIIIA.
Finalement, la filiale de l'Histoire de l'Armée du Ministère de la Défense a été contacté afin d'obtenir tous les rapports d'une éventuelle " Court of Enquiry " (une enquête) qui aurait dû être mené après une telle évasion, mais aucune réponse n'a été reçue pour le moment.

Pour les évadés, le piège dans lequel ils étaient tombés fut à plus forte raison terrible. Ils savaient qu'il signifiait presque certainement la mort. A cette époque, la Yougoslavie communiste de Tito était fortement épaulée par l'Union Soviétique, et les plus fortes pressions politiques possibles étaient exercées sur les Alliés pour qu'ils lui remettent quiconque était soupçonné d'avoir été un criminel de guerre.

Beaucoup de ces accusés n'étaient rien de plus que des réfugiés politiques fuyant un régime intolérant et tyrannique pour sauver leur vie, avec de pitoyables paquets pour unique bien; ce que l'on appellerait à présent des demandeurs d'asile. Sans se soucier de l'innocence ou de la culpabilité, la justice Yougoslave était instantanée, brutale, et était dénuée de tous nos notions les plus raffinés d'impartialité ou de présomption d'innocence. En fait, si ces trois évadés infortunés ont été extradés vers la Yougoslavie, il est peu probable qu'ils aient survécu. Au mieux, ils ont été abattus par un peloton d'exécution; un sort, en 1947, bien connu dans le camp d'internement 373.

Deux questions en particuliers ont reçu leurs réponses bien des années plus tard : les prisonniers de guerre britanniques ont-ils commencé un tunnel et si oui, où était la fameuse chapelle ? Et les internés, plus tard, ont-ils utilisés ce tunnel-là ?
Par lettre, par téléphone et e-mail, la plupart de mes correspondants anglais ont démenti la probabilité de l'existence d'un tunnel britannique. Leurs discussions et souvenirs, y compris ceux d'un membre du " comité d'évasion " à Wolfsberg jusqu'en 1943, était qu'un tunnel était dangereux et inutile. Beaucoup de prisonniers sortaient du camp pour travailler en équipe dans les industries ou les fermes locales, et il était bien plus simple de s'échapper de là. Cependant, un correspondant a déclaré que le Père John Legerwood (décédé) - qui venait de Christchurch, en Nouvelle-Zélande - qui était le chef du " comité d'évasion ", avait commencé un tunnel. Il y eut beaucoup d'" activités " dans le quartier du Théâtre, où l'on disait également la messe le dimanche. Etait-ce là que le tunnel des internés commençait ?

J'ai découvert par la suite, par un tout autre correspondant, que les Français avaient une chapelle et un autel qui avait été fabriquée avec des boîtes en carton de la Croix Rouge. Etait-ce celle-là, la mystérieuse chapelle ? Mais ni mon correspondant ni moi ne savons où elle se situait ! Elle aurait pu être dans n'importe laquelle des baraques française. (Annexe II)

 

Conclusion

 
La rivière Lavant

Finalement, j'ai reçu la confirmation que je cherchais. Un tunnel a été creusé par les internés du camp, dans son intégralité, du début à la fin.

Il n'était pas question d'un ancien tunnel creusé par les prisonniers de guerre et découvert, par la suite, par les internés. En outre, le tunnel était à un endroit totalement différent de nos spéculations précédentes.

Il y avait une autre chapelle : les internés en avaient une, cachée dans un petit quartier distinct, dans le coin nord-est du camp. C'était le vrai site et le point de départ de l'évasion. La sortie était près de l'"Arlingbach ", ou, en langage local, le "Essigbacherl" ("Essig" signifiant "vinaigre" en allemand).
Ce ruisseau n'était pas un obstacle physique, comme la rivière Lavant aurait pu l'être.

 

- Fin -

 

Dernières questions
1 L'interné qui est parvenu à s'échapper a-t-il jamais été re-capturé ?
2 Quels ordres avaient été donnés aux troupes qui entouraient le camp, et par qui ?
3 Une enquête a-t-elle été menée au sujet de l'incident ?
4 Ma protestation concernant le traitement du prisonnier a-t-elle eu un quelconque effet ?
5 Le tunnel a-t-il vraiment été commencé par des prisonniers de guerre britannique ?
6 Qu'est-il arrivé, finalement, aux trois évadés que nous avions rattrapés ?
7 Ont-ils été extradés ? Et ont-ils été exécutés ?
8 Le "mouchard" a-t-il été découvert par ses collègues ?

 

Robert Maxwell
Le 16 septembre 2001

 

Remerciements

John Weston du site " Data Wales " à partir duquel j'ai obtenu, en premier, des informations sur le Stalag XVIIIA, prédécesseur du Camp d'Internement 373.

Matthias Schiefer de Wuppertal, Allemagne, qui a déchiffré avec succès les noms quasiment illisibles des bâtiments sur le plan du Stalag XVIIIA préparé (puis volé) par un prisonnier de guerre britannique pour les autorités allemandes au début de 1945 (voir appendice I).

Emily Tibbatts, dont le site site web français m'a permis d'en apprendre plus au sujet du Stalag XVIIIA et qui a fait circuler dans sa newsletter mes recherches concernant la création d'un tunnel d'évasion durant la guerre. Et pour la traduction du présent texte.

DI. Günter Lackner, le Stadtbauamtsleiter du Stadtgemeinde, à Wolfsberg, pour m'avoir envoyé deux plans de la région datés de 1950 et 1951, comprenant le Camp d'Internement 373, et Christian Kienzl de Bücherei, qui a demandé une copie de mon " livre " (qui n'est en fait qu'un article) pour les archives de la bibliothèque municipale.

Alan Lee, du " PWRR and Queens Museum " (Musée du Régiment Royal du Prince de Gales et de la Reine) au Dover Caste pour les détails sur la revolver Albion sans le chien.

Edwin Horlington, de la " Fraternité des Vétérans de la Campagne de Grèce en 1940-41 ", qui m'a donné la permission d'utiliser une copie de sa photographie du site actuel du Stalag XVIIIA, un domaine industriel; et pour avoir confirmé mon opinion selon laquelle aucun tunnel n'avait été creusé par les prisonniers de guerre britanniques.
De la même manière, Ken Willmott, l'auteur de "En captivité, de 1941 à 1945", et Vic Beardow, qui confirmé l'absence de tout tunnel britannique.

George Mackenzie, qui a confirmé que le Père John Ledgerwood (décédé), originaire de Christchurch, en Nouvelle Zélande, était le chef du Comité d'Evasion. On pensait qu'il avait commencé un tunnel à partir du " block " (quartier, pâté de maison) du théâtre - il y avait beaucoup d'"activités" à cet endroit.

Gehard Budai de Völkermarkt, en Autriche, qui a été capable d'obtenir pour moi un plan du Camp d'Internement et l'endroit exact du tunnel d'évasion, en le demandant à d'anciens internés.

Claus Tribius, un collègue de golf d'origine allemande, qui a passé la meilleur parti d'un week-end à transcrire ma traduction approximative en véritable allemand.